Le sermon sur la chute de Rome : magistral !

« Le sermon sur la chute de Rome » : « Le pire titre qu’on puisse donner à un livre » disait un critique sur France Inter il y a quelques mois. Plus abrupt, plus sec, moins engageant tu meurs, je suis tout à fait d’accord. Pourtant, les courageux seront récompensés.
Lesermon

Dès l’entame, le style happe le lecteur. Ces premières pages qui décrivent cette fascination-répulsion du vieux Marcel pour une photo de famille où il ne figure pas, sont inoubliables. Du noir et blanc suintent la tristesse et les fantômes. Le décor du roman est instantanément planté: la dureté de la vie, la Corse, la guerre, la solitude, la fin d’un monde et la difficulté d’échapper aux siens. Puis la jeunesse, l’espoir, le besoin d’appartenance à un monde qui vit. On songe au « Soleil des Scorta » de Laurent Gaudé, en plus stylé.
Vient ensuite l’histoire d’une amitié entre deux jeunes hommes dont l’un est le petit-fils de Marcel. Le duo jette aux orties études de philosophie et autres intellectualités pour racheter un bar dans un petit village corse. Le roman file alors vers la vacuité de toute entreprise humaine qui est, si l’on peut dire, la « morale » du sermon sur la chute de Rome de Saint-Augustin.

L’écriture est marquée par une certaine grandiloquence qui n’est pas pour me déplaire. Ferrari n’a pas volé son prix Goncourt. Son cinquième opus est un très très bon livre, pas si ardu que le titre le laisse présager. Lisez-le!

P.S: seul regret, cette couverture « cachet d’aspirine ». Mais qu’a-t-il pris aux éditeurs d’Actes Sud d’abandonner (certes en partie) leurs superbes couvertures qui suscitaient en moi une irrépressible envie d’acheter tous leurs livres une fois la porte de la librairie franchie!

* « Le sermon sur la chute de Rome » de Jérôme Ferrari, Actes Sud, 2012
Disponible aussi en epud

*« Aleph zéro » : Actes Sud édite ce mois-ci en poche le tout premier roman de Jérôme Ferrari

Un commentaire sur « Le sermon sur la chute de Rome : magistral ! »

  1. « grandiloquence », mon mot préféré (Gilbert Collard) !
    je dirais… Le Sermon ou la guerre des mondes en soi…, non ?

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